29 juin 2012

EPISTHEO : 1 La preuve de l'existence de Dieu

EPISTHEO


La preuve de l'existence de Dieu

Abordons la question de l’existence de Dieu. Cette question est davantage philosophique que théologique, dans la mesure où le théologien admet l’existence de Dieu dogmatiquement. Pour le philosophe, la question fait problème. Mais lorsque nous regardons la philosophie contemporaine, nous avons l’impression que cette question est un peu dépassée. Cela veut-il dire que la philosophie est parvenue à « l’âge de raison » en acceptant l’athéisme, ou du moins l’agnosticisme ?
Au contraire ! L’histoire de la philosophie a vécu un infléchissement contre la raison depuis la publication de la Critique de la raison pure par Kant. L’âge d’or de la raison, que l’on peut estimer s’étendre que Descartes et Wolff, est aussi une époque où l’existence de Dieu est l’objet central de la philosophie. Seule son existence peut accomplir la raison : Dieu est considéré comme une pièce indispensable au rationalisme intégral. A partir de Kant, la raison est remise en question, et par là l’existence de Dieu est aussi remise en question. En d’autres termes, il y a une véritable division en philosophie, entre le courant rationalisme qui admet l’existence de Dieu, et les autres courants critiques envers la raison qui mettent également en doute l’existence de Dieu. Et aujourd’hui, beaucoup de philosophes sont prêts à admettre l’absurde, le mystère ou le hasard. Nous vivons dans une époque qui dévalorise profondément la raison.
C’est assez étonnant d’entendre une telle remarque. Si les philosophes contemporains ne se prononcent plus en faveur de l’existence de Dieu, ce serait tout simplement parce qu’ils ont renoncé au rationalisme… Mais en quoi précisément le rationalisme conduirait-il à penser que Dieu existe ?
Les philosophes rationalistes considèrent que la réalité est cohérente, ce qui signifie qu’elle a une raison d’être, et seul Dieu peut expliquer cette raison d’être. Pour un rationaliste, toute réalité a une raison qui explique son existence et sa manière d’être. La réalité, dans sa globalité, doit pouvoir recevoir une explication intégrale, sans faire appel à l’absurde, à aucun mystère, ni à aucun hasard. Si la réalité est rationnelle, nous devrions pouvoir répondre à la question suivante : « Pourquoi existe-t-il quelque chose et non pas plutôt rien ? ». Or de tout ce que nous observons, rien n’a en soi-même la raison de sa propre existence, ni de sa manière d’être. La raison est insatisfaite, parce qu’il y a du mystère, il faut continuer à chercher ailleurs. Par exemple, si j’observe une plante, je vois qu’elle n’existe qu’à la condition qu’il y ait de la terre, de l’eau et du soleil, et que tous ces éléments influencent même sa manière de croître, sa couleur, etc. La plante en elle-même ne suffit pas à sa propre explication. Si je m’arrête à la plante, la raison est insatisfaite, parce qu’elle veut pouvoir complètement l’expliquer. Et partout, nous constatons que les choses existent en raison de conditions extérieures. Ce sont des choses « conditionnées ». Et nous avons beau démultipliées les choses conditionnées, la somme est toujours une réalité conditionné, car la somme est dépendante de chacune de ses parties. L’Univers ne peut donc pas exister par lui-même. La nature ne suffit pas à sa propre explication, parce qu’elle est conditionnée. La raison de son existence doit donc se trouver dans un être inconditionné, qui soit la condition de toute chose. C’est un être qui possède la raison de son existence en lui-même, plutôt que dans un autre, sans quoi nous subsisterions toujours dans le même problème. C’est cela que nous appelons Dieu : un être tout-puissant, qui ne dépend de rien mais dont tout dépend. Et cet être doit être unique, sinon il serait lui-même conditionné par un autre qui le limiterait. Cette preuve, c’est ce que la tradition philosophique appelle la « preuve cosmologique ».
L’existence d’un être inconditionné, c’est-à-dire « qui ne dépend de rien mais dont tout dépend » est  donc, d’après le rationalisme, la seule explication de l’existence de l’univers qui soit rationnelle, parce que c’est la seule réponse satisfaisant à la question : « Pourquoi existe-il quelque chose ? ». Mais est-ce que cela veut dire que l’athéisme est par définition obligé de postuler l’absurdité de l’univers ?
La critique de la preuve cosmologique repose sur la critique de l’intelligibilité de la réalité en elle-même. Nous ne savons pas si la réalité est en elle-même rationnelle, peut-être est-elle absurde. L’absurdité de l’univers, ou du moins la remise en question de sa cohérence interne, c’est le fondement même de l’athéisme. Le refus de reconnaître l’existence de Dieu est la conséquence d’un refus d’admettre les conclusions naturelles de la raison. L’athéisme moderne s’appuie sur Kant, or l’on oublie souvent, Kant est l’auteur de la Critique de la raison pure. Kant refuse l’affirmation rationaliste selon laquelle la réalité est en elle-même rationnelle. Nous oublions cela trop souvent : l’athéisme se fonde sur le refus de la rationalité du réel. J’aimerais citer André Comte-Sponville : « Des trois preuves classiques de l’existence de Dieu, c’est la seule qui me paraisse forte, la seule qui, parfois, me fasse hésiter ou vaciller. […] Le nerf de la preuve cosmologique, c’est le principe de raison suffisante, qui veut que tout fait ait une raison d’être, qui l’explique. […] Mais […] pourquoi n’y aurait-il pas de l’absolument inexplicable ? […] Serait-ce absurde ? Et alors ? Pourquoi la vérité ne le serait-elle pas ? » (Comte-Sponville A., L’esprit de l’athéisme, 2006, p.93-94). Pourquoi la vérité ne serait-elle pas absurde ? L’athéisme n’a pas d’autre refuge que l’absurdité et le mystère. L’athéisme est un négationnisme de la raison. L’athée n’a pas d’autre choix de relativiser sa raison, c’est pourquoi la Bible dit que l’athée est un insensé.

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